COUPE DU MONDE

 Pourquoi l’Afrique a du mal à transformer ses diamants bruts en pierres précieuses

Le dimanche 15 juillet dernier, les lampions se sont éteints sur la Coupe du monde Russie 2018, avec la victoire de la France sur la Croatie, par 4 buts à 2. C’était au stade Loujniki de Moscou. Mais en attendant que les Bleus qui sont toujours sur leur petit nuage pour savourer leur sacre, redescendent sur terre, l’heure est au bilan. D’ores et déjà, l’on peut tirer le chapeau à la Russie qui a su relever le défi de l’organisation et de la sécurité, en organisant cette compétition de cette envergure qui n’a enregistré aucun incident majeur. Par ces temps de menace terroriste tous azimuts, ce n’était pas gagné d’avance. Car, l’on pouvait craindre, à tout moment, que les forces du mal, toujours en mal de publicité, ne se signalent par l’une de ces vilaines actions dont ils ont le secret.

La France est un beau vainqueur qui mérite amplement son sacre

Quand on voit comment de la Belgique à l’Angleterre en passant par la France et l’Allemagne, la menace terroriste a plané, dans un passé récent, sur les stades en Europe, on mesure toute la portée du défi relevé par le pays de Vladimir Poutine, pour que cette fête du football mondial se tienne dans les meilleures conditions. L’autre fait marquant, parmi tant d’autres, de cette Coupe du monde, a été l’enthousiasme populaire qui l’a accompagné, au-delà des stades de compétition qui affichait un bon taux de remplissage. Et après des débuts timides, le spectacle s’est aussi invité dans la compétition, avec des empoignades qui ne manquaient pas de piquant dans une compétition qui s’est montrée assez relevée, à partir des huitièmes de finales. Seul bémol, l’introduction du VAR (arbitrage vidéo) qui aura été diversement appréciée, et qui aura amené presqu’autant de polémiques qu’il était censé éviter. En tout cas, les Africains en gardent globalement un mauvais souvenir parce que ses décisions leur ont été souvent défavorables. Enfin, la tradition qui veut qu’un pays européen triomphe chaque fois que cette compétition est organisée sur le vieux continent, a encore été respectée. Et au vu de son parcours, la France est un beau vainqueur qui mérite amplement son sacre. Cette équipe arc-en-ciel, qui compte en son sein de nombreux joueurs aux racines africaines, s’est vu adoubée par tout un continent qui ne jurait que par elle, surtout après l’élimination précoce de ses cinq représentants. Et en voyant les Mbappé, Umtiti, Pogba, Matuidi et autre N’Golo Kanté soulever le trophée pour le ramener sur les bords de la Seine, l’on se prend à rêver que ce trophée tant convoité traverse un jour les océans, pour se retrouver en terre africaine. Car, si ces vaillants fils du continent ont pu le conquérir pour la France, le constat est que l’Afrique, elle-même, n’y arrive toujours pas. D’abord, parce qu’elle n’arrive pas à retenir ses talents qui ne rêvent presque tous que d’aventure hors du continent, l’Europe restant pour beaucoup la destination privilégiée. Ensuite, l’on est porté à croire qu’en restant sur le continent, ces footballeurs seront toujours ces diamants bruts qui ne pourront jamais briller de tout leur éclat, à moins d’être polis.

On ne devient pas champion du monde par hasard

Or, ce sont visiblement ces conditions que la France et bien des pays européens, leur offrent mais que nos Etats ne sauraient faire, sur un continent où le quotidien est géré en termes d’urgences, et où le sport en général et le football en particulier, sont loin de figurer parmi les priorités des dirigeants. En dehors donc d’une véritable politique sportive de formation et de gestion des footballeurs de haut niveau, il ne faut pas rêver de décrocher la lune. Car, on ne devient pas champion du monde par hasard. C’est d’abord une question d’ambitions, un travail de longue haleine qui demande de la patience, du sérieux, de la constance, de la vision à long terme, de la préparation, des ressources humaines et des moyens financiers conséquents. Est-ce que les Etats africains sont prêts à opérer un tel choix ? Rien n’est moins sûr. C’est dire que l’Afrique a encore du chemin à parcourir, pour espérer se hisser au niveau des grandes nations de football. Et des Mbappé, des Pogba,  des Kanté, elle pourra toujours en sécréter, mais tant que les conditions d’exigence et de professionnalisme qui accompagnent de telles ambitions ne seront pas réunies, l’Afrique risque, pour longtemps encore, de jouer les seconds rôles dans cette compétition. Et  ses supporters n’auront pour seule consolation que de chercher à s’identifier à des nations comme la France, qui compte au sein de son équipe pas mal de joueurs d’origine africaine, pour espérer goûter aux délices de la consécration suprême. Mais comment pouvait-il en être autrement, quand on voit comment, jusqu’à nos matières premières, nous sommes incapables de les transformer pour en tirer les plus grands profits ?

En tout état de cause, le sacre des Bleus en terre russe avec son fort contingent de joueurs noirs, est la preuve que la Coupe du monde n’est pas hors de portée des joueurs africains. Mais il est clair qu’il faut bien plus que la pigmentation de la peau et des patronymes à consonance africaine pour espérer inscrire son nom au palmarès de la plus prestigieuse compétition sportive au monde. Et il n’est pas sûr que ces joueurs auraient été capables d’un tel exploit, s’ils avaient joué pour leurs pays d’origine respectifs. C’est en cela que réside le mérite de la France qui a su transformer ces diamants bruts venus du continent noir, en pierres précieuses, au point d’illuminer le monde entier de leur éclat. Et ces joueurs le lui ont aussi bien rendu, en la hissant à son tour sur le toit du monde, pour la deuxième fois de son histoire. Tout est donc bien, qui finit bien pour la France. Rendez-vous en 2022, au Qatar, pour écrire une autre page du football mondial.

« Le Pays »



Avec lepays.bf

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