La 13ème édition de la Coupe d’Afrique des nations féminine de football, qui met aux prises les meilleures sélections africaines féminines de football affiliées à la Confédération africaine de football (CAF), a débuté, le samedi 17 novembre et durera jusqu’au 1er décembre, au Ghana.

Afrique : 13ème édition de la Coupe d'Afrique des nations féminine de football 2018

La Coupe d’Afrique des Nations (CAN) féminine qui commence samedi 17 novembre au Ghana oppose huit équipes pour la dernière fois depuis sa création en 1991. Pour sa prochaine édition en 2020 au Congo-Brazzaville, ce sont seize nations qui se disputeront le titre. La décision est une des mesures-phare prises cette année par la Confédération africaine de football (CAF). Sous l’impulsion de son nouveau président, le Malgache Ahmad Ahmad, l’instance en charge de la discipline entend « relever le défi » du développement du football féminin sur le continent.

Car celui-ci vivote toujours en Afrique alors qu’il explose en Amérique du Nord ou en Europe. L’ensemble du continent ne compte que 62 000 pratiquantes, contre 125 500, par exemple, pointées en juin 2018 en France. D’où l’appel à la mobilisation générale lancé par Ahmad Ahmad au printemps dernier, lors d’un symposium sur la question organisé par la CAF à Marrakech (Maroc). Et le président de la CAF d’évoquer la nécessité de « casser tous les tabous », de pousser les gouvernements à promouvoir la pratique féminine, de la massifier en multipliant les structures d’accueil et d’encadrement.

Le football féminin entre dans les mœurs 

Un changement d’abord dans les mentalités ? Nombre d’intervenants à Marrakech ont souligné le poids des traditions et des coutumes qui freinent encore la féminisation de la discipline. « Mais les lignes bougent, assure Mohamed Bouguerra, journaliste au bihebdomadaire algérien Botola (1). Il y a une vingtaine d’années, les filles se cachaient pour jouer et plus que la religion, c’était le machisme ambiant qui pesait : le foot ce n’était pas pour elles. Aujourd’hui, grâce à la mondialisation et aux réseaux sociaux, le football féminin entre dans les mœurs. En Algérie, au-delà des centres urbains, il se développe même dans le sud du pays. Mais les infrastructures ne suivent pas et c’est le manque de moyens qui limite sa progression. »

Quand le football africain masculin n’en finit plus de retarder ses belles promesses, en partie à cause de problèmes financiers récurrents, la pratique féminine reste évidemment coincée au stade de parent pauvre. L’argent manque pour tout : monter un club, former des éducateurs compétents. « Or les jeunes filles ont besoin d’un vrai cadre pour pouvoir jouer et combattre les préjugés, avertissait déjà en 2016 l’ancien gardien camerounais Joseph-Antoine Bell. Sans cela, les Africaines progresseront moins vite que la concurrence mondiale. »

Organiser des compétitions est aussi une gageure. Il existe bien quelques signes encourageants, comme la renaissance récente après trois ans d’absence d’une Super League féminine en Namibie (sur huit mois et avec dix équipes) grâce au sponsoring d’une compagnie minière et à l’aide de la Fédération internationale (Fifa) qui assurent le budget. Mais sur les 57 pays que regroupe la CAF, moins d’une trentaine est en capacité aujourd’hui de proposer un championnat national pour l’élite féminine.

La plupart des pays manquent de moyens

Même dans les pays plus avancés en la matière (le Nigeria, le Cameroun, l’Afrique du Sud ou le Ghana), rien n’est véritablement acquis. Les filles du Nigeria, qui cumulent dix victoires en douze éditions de la CAN, ne roulent pas sur l’or. À tel point qu’entre leur succès lors de la dernière CAN en décembre 2016, et leur match amical en avril dernier contre l’équipe de France, elles ne s’étaient jamais revues sur un terrain ! Résultat : 8-0 pour les Bleues. Situation que déplore la star de l’équipe Asisat Oshoala, trois fois élue meilleure joueuse du continent, exigeant plus de rassemblements du onze national. Mais la Fédération nigériane jure n’avoir guère les moyens de réunir des championnes dont plus de la moitié (13 dans l’équipe en lice au Ghana) jouent à l’étranger, à l’image d’Asisat Oshoala évoluant en Chine.

« À tous les niveaux, c’est l’accompagnement des filles qui est déficient, conclut Mohamed Bouguerra. Mais soyons optimistes : la nouvelle génération des dirigeants africains comprend l’enjeu essentiel du développement de la pratique féminine et semble pleine de bonne volonté. Rendez-vous dans une quinzaine d’années pour mesurer le chemin accompli. »

Trois tickets pour le Mondial en France

Pour la première fois de son histoire, la Coupe d’Afrique des Nations féminine va distribuer les tickets d’entrée au prochain Mondial, qui se déroulera en France du 7 juin au 7 juillet 2019. Seront qualifiées les deux équipes finalistes et la troisième de la compétition. Depuis la création du Mondial féminin en 1991, le Nigeria a toujours été de la fête, mais il n’a réussi à passer le premier tour qu’en 1999 (défaite en quart de finale contre le Brésil, 4-3). Lors de la dernière édition en 2015 au Canada, l’Afrique était pour la deuxième fois présente dans la phase d’élimination directe, avec les Camerounaises battues en huitième de finale par les Chinoises (1-0).

telesud.info : Jean-Luc Ferré
18/11/2018

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