GABON

 

Ali Bongo joue la carte de son indispensabilité

Ali Bongo Ondimba a réintégré le Palais du bord de mer le lundi 14 janvier 2019 et ce, après plus de deux mois et demi d’absence pour raison de santé. En effet, victime d’un accident vasculaire cérébral (AVC), depuis le 24 octobre 2018 à Ryad, en Arabie Saoudite, le chef de l’Etat gabonais en convalescence au Maroc s’est contraint, pour paraître politiquement correct, à regagner son pays afin de présider la cérémonie de prestation de serment du nouveau gouvernement conformément à l’article 15 de la Constitution gabonaise. En décidant de rentrer au bercail pour satisfaire à cette obligation constitutionnelle suivie d’un Conseil des ministres qu’il a également présidé, le président gabonais tente de sauver les apparences en montrant aux yeux de ses compatriotes et au reste du monde qu’il est toujours en mesure de diriger le pays. Mais seulement, son apparition officielle  pour ce rite constitutionnel, sans la présence des médias indépendants, suffira-t-elle à rassurer les Gabonais ? Ce n’est pas évident. A en croire de nombreuses sources, après les deux cérémonies solennelles d’hier, 15 janvier, il repartira pour poursuivre sa convalescence au Royaume chérifien. Ce qui va davantage alimenter le débat sur l’obstination de Ali Bongo à vouloir diriger le pays malgré son état de santé. Alors qu’il aurait pu s’inspirer de ce qui est déjà arrivé dans un des pays voisins, notamment le Cameroun pour ne pas le citer, où Ahmadou Ahidjo a décidé de démissionner pour raison de maladie vraisemblablement beaucoup moins grave que l’AVC dont souffre le chef de l’Etat gabonais au pouvoir depuis octobre 2009.

Si le président Ali Bongo, malgré ses velléités de pouvoir à vie, qui aura bientôt dix ans de carrière présidentielle n’est pas encore rentré dans le hit-parade des dinosaures sur le continent africain, il donne, tout de même, la désagréable impression d’être l’incontournable personne qui doit présider aux destinées des Gabonais.

Ali Bongo semble s’inspirer des chefs d’Etat dictateurs

Le goût du pouvoir lui passant par-dessus tout au détriment même de sa propre santé. Quitte à voir son peuple souffrir de cette boulimie du pouvoir, le président du Gabon, en s’accrochant toujours à son fauteuil, joue la carte de son indispensabilité. Il semble bien s’inspirer des autres chefs d’Etat dictateurs qui se croient indispensables pour leur pays ; eux qui estiment qu’après eux, c’est le chaos. Cela dit, le cas Ali Bongo relance de plus belle le débat sur la santé des dirigeants africains. Surtout que la fonction de chef de l’Etat n’est pas de tout repos, particulièrement sous nos tropiques où les priorités sont nombreuses et les ressources limitées. Il y a donc de quoi s’inquiéter si le destin de toute une nation doit être confié à un valétudinaire. Il y a lieu de croire que, de plus en plus, les chefs d’Etat africains seront obligés de briser le tabou de l’omerta qui entoure bien souvent leur état de santé. Même si le président n’est pas n’importe qui, cette façon d’entretenir le mystère autour de son état de santé au point d’en faire presqu’un sujet tabou, ne s’explique pas. En tous les cas, avec l’avènement des réseaux sociaux, bien des habitudes risquent d’être bousculées dans les palais présidentiels. La réalité est que même si la tendance est aujourd’hui évolutive, ce n’est pas demain la veille que certains chefs d’Etat africains s’acquitteront de ce devoir de transparence qui pourrait coûter à certains leur fauteuil, en cas d’incapacité physique et mentale avérée.

Drissa TRAORE



Avec lepays.bf

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